Lire des extraits
Je suis la coïncidence
Du sexe révélé
Le feu catalysé
L'épure insolente
Je suis le schéma pré-établi
D'un désir commun
Lentement corrélé
A la parole humaine
*
Nous avons enfanté des rumeurs comestibles
Nous avons aboli des valeurs séculaires
Nous avons enterré le Sinaï et la Bible
Nous avons préféré l’érosion des gravières
Nous avons enlacé nos peines et nos chances
Nous avons reproduit la geste et la technique
Nous avons différé l’ardoise et la craie blanche
Nous avons composé d’effroyables cantiques
Nous avons reconnu le sable et la silice
Nous avons dessiné des courbes illicites
Nous avons défilé au pas de la milice
Nous avons oublié les frontons anthracites
*
Les alluvions charrient le soir,
L’eau de javel et l’ammoniaque,
Les détergents et les grands sacs
Des magasins sur le trottoir.
L’azote y sourd en négatif,
Percé par la lumière nue -
La pellicule en continu,
Sous l’hypothèse d’un massif,
Dérive et divague en surface,
Au gré des courants saturés.
La bise écrème les rochers
Et les algues vertes ressassent,
A l’ombre des gardes frontières,
La peau souillée des carpes mortes,
Le Doubs relève ses eaux fortes
Il est question de sablières.
*
Les parenthèses anonymes.
C'est une sensation étrange, tout de même, que le sentiment d'avoir pu duper son monde, l'espace de quelques heures. Une sensation qui explique à elle-seule le sourire idiot qu'on laisse échapper malgré soi, à l'instant où l'on tourne la clef dans la serrure, le soir en rentrant.
Ces petits trous dans l'agenda, ces parenthèses anonymes sonnent comme autant de victoires sur le monde, que l'on goûte jalousement, égoïstement, quelque part dans un coin de sa tête. Car il doit y avoir quelque chose de grisant, à la réflexion, à la simple idée de penser que rien ne nous relie plus à rien. Qu'aucun secours ne surgirait si l'on devait s'évanouir là-bas, après la butte, sous la tonnelle. Qu'une fuite en avant ne serait pas aussi belle, sans l'espoir d'un retour certain.
Il faut de l'eau, bien sûr, quelque part dans le décor. Des arbres, aussi, et des vieilles pierres aux alentours. Des chemins pentus et, pourquoi pas, une paire de baskets oubliée dans le coffre. Parfois, une escapade un peu plus longue, avec des viennoiseries en plus du café matinal, au troquet du village ou dans le bleu d'une chambre d'hôtes. Du silence, toujours, qui ne se craquellera que sous l'effet d'une bande fm éparpillée dans l'habitacle. Etre, disparaître, ré-apparaître ... ces parenthèses anonymes me font penser à des tours de passe-passe, des parties de cache-cache dont on oublie le compte à rebours.